« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Juan Gris

(1887 – 1927)

 

Il existe plusieurs dessins au crayon datés de 1916 agençant sur une table les mêmes objets : cafetière, moulin à café, tasse et carafe. Dans cette version complexe, Gris ajoute un journal plié qui apporte sa note blanche, éclatante. L’assemblage formant la nature morte est soumis à un travail de décomposition des plans qui rappelle le principe des papiers collés auquel l’artiste a fréquemment recours à cette époque. Si le traitement en faux-bois pour la table et le moulin à café, ainsi que le coloriage gris-métal pour la cafetière et les ombres obtenues au crayon pour la carafe, renforcent l’effet de réalité, le découpage des formes provoque une accélération troublante de la vision. Chevauchements, glissements des plans, transparences, renversements des valeurs opèrent sur la rétine une sorte de réfraction du visible qui oblige le spectateur à se porter tantôt vers des repères tantôt à lâcher prise.

Sans titre (La Cafetière et le journal), 1916

 

Gouache et mine de plomb sur papier vergé

32,9 x 24,7 cm