« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Edgar Degas

(1834 – 1917)

 

Planque apprécie chez Degas son sens aigu de l’observation, la brutalité des cadrages et le non conformisme d’une approche isolant motifs et personnages afin de leur donner plus d’expression. Par ses thèmes et l’humanité qui s’en dégage, par la manière abrupte de façonner un corps et de l’éclairer crûment, Degas, aux yeux de l’amateur, annonce Picasso et le met sur la voie d’une certaine abstraction. Planque répète en effet à l’envi que la peinture doit être dénuée de toute aménité : la grâce n’est pas la beauté. Certes l’harmonie n’est pas exclue du domaine de l’expression plastique, mais elle ne doit jamais être recherchée pour elle-même. Mieux encore, une certaine maladresse paraît être, dans sa conception esthétique, un gain d’authenticité. Cette conviction intime se trouve idéalement illustrée dans ce pastel de Degas acquis au début des années soixante. Celui-ci fixe une image particulièrement ingrate, sur le plan de la composition notamment, tant les déformations sont marquées, les raccourcis abrupts et l’effort d’intégration dans le paysage des figures, sorties directement de l’atelier du peintre, apparaît peu naturel.

Deux femmes au bain, vers 1895

 

Pastel en trois morceaux de papier réunis, contrecollés sur carton

58 x 77 cm