« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Jean Dubuffet

(1901 – 1985)

Jean Planque se plaisait à dire que sa rencontre avec Jean Dubuffet avait été la plus fructueuse de toute sa vie. « Il m’a tout appris », répétait-il volontiers. Leur rencontre date de 1956, et fait suite à différents achats effectués par Planque pour le compte de la galerie Beyeler. Dans sa fonction de conseiller, Planque commencera par négocier la vente des lithographies de Dubuffet, mais il obtiendra vite la confiance de l’artiste et sera chargée par celui-ci de distribuer son œuvre. Planque soutiendra celle-ci contre toutes les réticences à un moment où de nombreux collectionneurs, déstabilisés par les nouvelles recherches, lâcheront l’artiste qui avait soudainement laissé ses Texturologies et à ses Matériologies pour plonger dans le monde agité et truculent de L’Hourloupe. Planque sera d’ailleurs chargé de l’exposition du Palazzo Grassi à de la Biennale de Venise de 1964, qui révélera au public cette nouvelle manière. Il conseillera l’achat de pièces à de nombreux musées, sollicitera les collectionneurs et surtout amènera des centaines de toiles à la galerie Beyeler, au point que Madame Beyeler le suppliait de se calmer…! L’amateur suisse était fasciné par la puissance de travail de Dubuffet et par l’intelligence de cet homme, capable de se remettre sans cesse en question, d’inventer un monde à partir de rien, de refuser systématiquement tous les immobilismes. De son côté, Dubuffet aimait le regard tantôt critique tantôt enthousiaste que Planque portait sur son œuvre. Il eut souvent recours à son avis. Après une brouille intervenue en 1967 qui affectera fortement le Suisse, les deux hommes retrouveront des relations plus sereines à partir de 1973. Les tableaux de Dubuffet que Jean Planque a conservés dans sa collection reflètent le travail des années où ils se sont connus : d’abord les compositions plus sévères de matières, remontant à la fin des années 50, puis les inventions colorées et dansantes de la période de L’Hourloupe. Témoignage de cette étroite collaboration, un grand nombre de toiles conservées dans la Fondation ont été données – et dédicacées – par l’artiste au collectionneur et à sa femme.

Récit du sol, 1959

Huile sur toile

89 x 116 cm

© 2017, ProLitteris, Zurich

Opéra Bobèche, 1963

Huile sur toile

81,4 x 100,2 cm

© 2017, ProLitteris, Zurich