« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Earl Kerkam

(1891 – 1965)

 

Planque rencontra Kerkam, en 1951, à la Grande Chaumière où, revenu de son séjour aixois, il souhaite réapprendre à dessiner : le Suisse est fasciné par cet homme dévoué à son art au point de ne faire attention ni à son confort ni à sa mise. Il était surtout impressionné par la sûreté avec laquelle cet artiste réussissait à cerner sa figure à l’aide d’un trait franc, conduit rapidement et à peine repris. Un jour que les deux hommes travaillaient ensemble, Kerkam fit un compliment très spécial à son compagnon, que celui-ci n’oublia jamais : « Le meilleur œil rencontré, mais un bien mauvais peintre » me dit-il. Or celui que Planque considérait comme un inconnu, ne l’était guère puisque quelques-uns de ses amis, – ainsi Willem De Kooning, Philip Guston, Mark Rothko – écrivirent le lendemain de sa mort au MoMA pour demander qu’une rétrospective soit consacrée à « l’un des artistes les plus importants que les Etats-Unis aient encore à découvrir ». Le fait que Planque ait tout ignoré de la carrière de cet artiste, déjà largement respecté dans son pays et dont il évoque la figure comme s’il s’agissait d’un clochard inspiré, est significatif de l’absolu qui guidait les deux amis : la peinture. Le reste – l’apparence, la gloire, la fortune – n’avait pas d’importance !

Nu, 1952-1953

 

Aquarelle et pastel sur papier vélin fin

44,6 x 36,8 cm