« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Fermin Aguayo

(1926 – 1977)

 

Dans les deux petites toiles de Firmin Aguayo que le collectionneur acquiert à la Galerie Jeanne Bucher à la fin des années cinquante, pas le moindre effet littéraire ou illusionniste : on est d’entrée de jeu dans la vibration déclenchée par les éléments picturaux et par le travail qui les agence. L’œil est jeté sans précaution au spectacle qui s’ouvre devant lui. Pas de béquille. Pas de commencement véritable, ni de conclusion définitive. C’est par un plongeon au sein de l’œuvre anonyme, dans un état de liberté aveugle, et presque d’exil, que le spectateur parviendra, à force d’attention, d’abandons, de questions, à refaire surface, en reconnaissant là une structure, ici une propriété physique, en tissant des liens entre certaines couleurs, certaines directions données par l’instrument, enfin grâce aux rythmes qui animent insensiblement le tissu qui s’épaissit, se complexifie, s’enrichit sous l’action de son regard.

Composition abstraite, 1955

 

Huile sur toile

45,5 x 54,5 cm