« J’ai mieux aimé les tableaux que la vie »

Jean Planque

Paul Gauguin

(1848 – 1903)

 

L’existence de Gauguin qui avait commencé par être agent de change et collectionner de tableaux avant de se vouer à la peinture, sacrifiant tout bien-être à l’accomplissement de sa passion ne pouvait manquer de fasciner Jean Planque. S’il n’a jamais envisagé de fuir la civilisation dans les îles, le Vaudois a très tôt manifesté dans son mode d’existence un goût marqué pour la simplicité et l’amour de la nature. Ses choix de collectionneur seront orientés par cette conviction très rousseauiste que la vérité se trouve dans le retour aux temps bénis des origines, quand l’homme n’était pas encore contaminé par les sophistications de la civilisation. Cependant cet état de primitif n’est guère accessible de nos jours sans un certain travail de l’artiste sur lui-même et une profonde réflexion sur son art. Il ne suffit pas de se réfugier dans le mythe du bon sauvage, il faut d’abord retrouver dans son cœur les conditions de cet émerveillement originel et se donner les moyens de l’exprimer. Gauguin fut l’un des premiers modernes à tenter de régénérer son art en allant puiser une énergie renouvelée dans un ailleurs aux sensations fortes, encore épargné de la menace de gaspillage, du luxe inutile et des excès de l’intelligence dont le Vieux Continent commençait déjà à souffrir.

Portrait d’une Tahitienne, vers 1891

 

Fusain sur papier vergé Ingres

34 x 26,5 cm