Odilon Redon
(1840 – 1916)
Dans l’œuvre de Redon, Planque s’intéresse moins au contenu symboliste qu’à la magie du peintre, lequel, à l’aide de quelques coups de pinceau, possède le pouvoir mystérieux d’élargir les horizons de la sensation et de la pensée. Il parle de lui en termes qui traduisent le choc du pur plaisir sensible : « Redon est glorieux […] Nous sommes dans un monde ailleurs, dans l’irréel qui est plus réel que l’irréel. Fééries colorées. Habitées d’une magie aussi prenante que mystérieuse. » A ses yeux ce visage féminin, abandonné à la rêverie incertaine de la couleur, à l’épanchement bleu qui engloutit l’espace, le rend sonore encore plus que visuel. Ce sont les ors qui résonnent ici, suscités, dirait-on, par une mystérieuse et nouvelle loi de contrastes inconscients dégagée de la monochromie. Le collectionneur revient à de nombreuses reprises dans ses notes sur l’action de la couleur bleue sur sa rétine : il en reconnaît les effets déréalisants chez Cézanne, bien sûr, chez Monet, chez Hodler, mais aussi chez Bissière et de Staël dont il acquiert un magnifique Paysage de 1954, assombri par l’éblouissement marin : et il en discute encore les vertus lors de l’un de ses derniers entretiens avec Picasso.
Composition: profil et roue. Personnage assis, 1910-1915
Pastel et crayon sur papier ardoise
40,8 x 49,2 cm