Manolo Millarès
(1926 – 1972)
Manolo Millarès fut parmi les premiers artistes à molester la surface de sa toile, à la déchirer, à la charger de matériaux pauvres et incongrus, afin de trahir la misère d’une terre, la révolte d’un être. Chez ce peintre, Jean Planque reconnaît aussitôt un fond de primitivisme que les Espagnols, comme Tapiès, ou les Sud-Américains, comme Toledo, également présents dans sa collection, ont su mieux conserver que les artistes européens. De cette Composition noire, Jean Planque aimait l’intensité mêlée à la sobriété technique. Il aimait la profondeur de cette nuit d’encre, nourrie de mystères, inexprimables et lents, que vient déchirer la blessure du trait vif, nerveux, admirablement éclairé par le travail du lavis. Il y découvrait avec un étonnement renouvelé le jeu de plusieurs forces contradictoires trouvant leur équilibre entre verticalité et horizontalité, vitesse et profondeur, transparence et opacité, clarté et nuit. La radicalité même du combat qui s’y joue exaltait son plaisir de la contemplation.
Composition noire, vers 1960
Encre de Chine sur carton
50 x 65 cm
© 2017, ProLitteris, Zurich