Louis Soutter
(1871 – 1942)
S’il n’a pas cherché à connaître personnellement Louis Soutter, qu’il aurait fort bien pu croiser à Lausanne à la fin des années trente, Planque professait pour cette œuvre une grande admiration et un immense respect. Il va même jusqu’à le préférer à l’art de Dubuffet en raison de son engagement total, sans tricherie dans l’aventure artistique : « Soutter, écrit-il dans son Journal, tout déchirement et humaine douleur, nous touche au plus profond de nous, dans notre désespoir et notre mort future ; atteint, tel Van Gogh, à l’extrême grandeur et s’élève bien au-dessus de ce que jamais Dubuffet ne put atteindre car l’intellect de ce dernier s’interroge et fait écran. Ce dernier se pousse en avant, se hausse, veut atteindre au pinacle. Dubuffet n’a aucune de ces richesses en lui. Il fait, il s’amuse, il crée, à la série, dix, vingt et plus, comme il veut, autant qu’il le veut, à son gré. Soutter n’a que sa détresse pour compagne, sa solitude toujours plus grande et atteint à un sommet dramatique vrai, que jamais Dubuffet ne saurait atteindre ».
Proies d’asile, 1930-1937
Dessin à la plume sur papier
44 x 58,5 cm