Raoul Rodolphe Ubac
(1910 – 1985)
« Ubac a horreur de ce qui brille ». Cette remarque de Georges Limbour, extraite d’un article qu’il consacre à Raoul Ubac dans la revue L’Œil, en mai 1957, correspond tout-à-fait aux choix éthiques et esthétiques de Jean Planque. L’attachement du collectionneur aux valeurs paysannes, faites de patience, de frugalité, de profondeur, le porte d’instinct vers des œuvres qui expriment ces qualités. Les formes puissantes, pesantes et méditées de Piège I, évoquent le cloisonnement des champs, les sillons qui les partagent, et tout le travail d’inscription que l’homme s’astreint à mener dans la terre pour en faire germer les fruits. Au dessus de ces tables couchées, grandes pierres plates, chemins creux, labours, est posé le dessin d’un instrument qui ressemble autant à un piège à gibier sauvage qu’à une charrue primitive, instrument indispensable au paysan pour transformer la glèbe en blé — et au peintre pour faire surgir le feu froid de la lumière des tréfonds brumeux.
Piège 1, 1956
Gouache sur papier
48,5 x 64,2 cm
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